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De retour du Japon … Entretien avec Lionel Reynaud (1/2)

Durant l’été, notre sensei Lionel Reynaud est parti pour plusieurs semaines au Japon.

Nous avons pu passer un peu de temps à son retour et en avons profité pour lui poser quelques questions

Uechi-Ryu Oryukai : Bonjour Lionel tu viens de passer plusieurs semaines au Japon.
Peux-tu nous en dire plus et nous partager ton expérience ?

Lionel Reynaud : Bonjour à tous, j’ai passé plusieurs semaines cet été au Japon.
C’était un voyage avec beaucoup d’intérêts différents mais convergents.
J’allais passer du temps là-bas pour voir des proches dans la région de Fuji et de Niigata.
Nous sommes partis en famille et c’était important de pouvoir avoir un temps ensemble au Japon (mes derniers voyages étaient axés pratique donc j’y étais allé seul).
Enfin le dernier but était de pouvoir trouver dans cet agenda assez chargé le temps de pratiquer dans les différentes régions.
Ce ne fut pas simple mais j’y suis arrivé.


Avant de commencer à parler Karate, peux-tu nous partager quelques images marquantes de ton séjour et si tu as des endroits que tu aimes particulièrement ?

J’ai la chance d’avoir de la famille qui vit au pied du Mont Fuji donc c’est forcément un endroit que j’aime tout particulièrement.
Voir le lever du soleil sur cette montagne est pour moi un véritable émerveillement (même si en été c’est très tôt) mais la lumière y est splendide.
Dans le même coin il y a les chutes de Shiraito qui sont très connues et pour les voyageurs en été c’est un très bon endroit pour se rafraîchir.

Lever de soleil sur le Fuji-San.

Pour ce qui est des images marquantes, je garderai en mémoire une journée atypique du côté d’Hiroshima pendant laquelle j’ai du faire un cours d’anglais à des collégiens japonais qui étaient très curieux sur la France, la culture et surtout le foot car il y avaient quelques fans de Mbapé dans le groupe …

Merci pour ces anecdotes et ces images de cartes postales.
Peux-tu prendre quelques minutes pour résumer qui tu es et où tu enseignes.

Oui bien sûr, je suis actuellement troisième dan de Karate Uechi-Ryu et j’enseigne au sein du Toulouse Shubukan.


J’ai une formation double : celle Européenne au sein de l’URKDE sous l’égide de Yukinobu Shimabukuro et une autre aux USA avec George Mattson que j’ai rencontré en 2017.

Du fait de mon lien personnel avec George Mattson, j’enseigne aussi aux Etats-Unis au sein de la Mattson Academy donc la plupart du temps en ligne puisque Miami n’est pas très proche de la région toulousaine.




Enfin, depuis deux ans, en lien avec l’URKDE, nous avons proposé aux pratiquants éloignés des Dojos de pouvoir pratiquer en ligne via la plateforme pédagogique Oryukan et les cours en ligne de notre communauté de pratique Uechi-Ryu Oryukai.
Le terme communauté de pratique est important car nous accueillons les pratiquants de différentes organisations qui ont le souhait de partager et d’échanger autour du Uechi-Ryu.

Au sein de Uechi-Ryu Oryukai nous appliquons l’adage de Saint Exupery : ‘Celui qui diffère de moi loin de me léser m’enrichit.’

Comme vous pouvez vous en douter cela fait pas mal de cours dans la semaine à donner (entre 4 et 7 suivant les semaines) mais c’est vraiment passionnant d’enseigner et de progresser au contact du groupe.

Les Chutes d’eau de Shiraito (Shuzuoka)

Si l’on revient maintenant à ta pratique au Japon; tu n’as fait que du Karate Uechi-Ryu ?

Mon souhait premier était bien entendu d’avoir un maximum de temps avec d’autres pratiquants de mon style mais grâce aux liens que j’avais tissé les précédentes années, j’ai pu pratiquer d’autres styles et d’autres Arts Martiaux.

Beaucoup de pratiquants sont désireux d’aller au Japon. Est-ce compliqué de trouver des Dojos et d’y entrer en tant qu’Européen ?

Alors, cela dépend… De ce que j’ai vu (ne prenez donc pas cela comme une généralité), il y a beaucoup de Dojos qui proposent des cours pour ‘Étrangers’ et d’autres qui sont un plus réservés aux élèves du style.

Est-il compliqué de les contacter ?

Tous les responsables de Dojo ne parlent pas tous anglais donc cela peut être parfois compliqué.
Je sais qu’à Okinawa il est possible de prendre contact avec certains maîtres via des agences dont les membres parlent anglais. 
Je n’en ai pas vu sur l’île principale mais j’avoue ne pas avoir beaucoup cherché.
Ayant la chance de parler un peu le japonais, j’ai contacté les différents dojos avant mon départ ou lors de mon séjour.

Tu parles bien Japonais ?


Bien ? Non … mais j’y travaille (Rires). … Plus sérieusement j’arrive à me débrouiller.
J’arrive à m’exprimer correctement pour les choses de la vie courante et pour le Karate.

Je ne suis pas encore au niveau me permettant d’avoir une activité professionnelle en japonais mais j’y travaille un peu tous les jours.

Lorsque j’aurais plus de temps je m’inscrirai pour passer le JLPT (diplôme de compétences en Japonais); pour l’instant je focalise mon temps et mon énergie pour faire connaître et enseigner le Uechi-Ryu.

Le charme de la pratique au Japon.

Les Dojos sont-ils différents au Japon ?

Cette année, j’ai choisi d’aller pratiquer dans des petits dojos donc forcément quand j’ai montré les vidéos à mes élèves, ils trouvaient les aires de pratique trop petites.


En France, nous avons la chance de pouvoir pratiquer dans de grands complexes partagés avec d’autres Arts Martiaux comme l’Aikido et/ou le Judo.
De ce fait, la plupart d’entre nous pratiquons sur des tatamis de Judo avec de belles surfaces..
Au Japon, il y a bien sûr des Dojos partagés avec des gros tatamis mais aussi et surtout du parquet. 


Cela peut changer pas mal les sensations mais (je trouve) que cela permet de mieux travailler l’ancrage et la structure.


Ce qui diffère de nos habitude, c’est la taille des dojos et leur localisation : dans un parc, au sein d’un sanctuaire, au quinzième étage d’un building ou en sous-sol.



Quelques soient leur localisation, ce qui est le plus important c’est que tous ces lieux ont une âme.
Par exemple à Tokyo, j’ai pratiqué au Muribushikan dans le quartier de Koenji.
Le Dojo est situé dans une rue commerçante et n’est pas trop indiqué.
Quand on sort du petit ascenseur qui nous y amène on est surpris par l’échelle de ce petit Dojo mais surtout frappé par l’âme qui s’en dégage.

Près de Kanagawa, j’ai pu pratiqué dans un dojo situé en sous sol ou le puit de lumière était l’escalier.
Dans ce dojo il y avait une forte composante spirituelle liée à la pratique des différents Arts Martiaux.

Enfin dans une autre échelle, le sanctuaire Meiji abrite deux splendides Dojos où on pratique respectivement le Judo et le Kyudo (Tir à l’arc).

Dojo près du Meiji Jingu (Tokyo)

Est ce que la pratique y est différente ?


Concernant la pratique du Karate d’Okinawa je n’ai pas vu de grosses différences par rapport à la pratique que nous avons du Uechi-Ryu en France.
Ce qui faisait image d’épinal étaient le travail avec les jarres pour renforcer la structure mais je fais aussi travailler mes élèves avec des poids ou d’autres outils lestés.
Lorsque l’on débute la séance, le salut est différent, certains codes dans le dojo aussi mais quand on démarre la séance … on retrouve les mêmes composantes de travail.
Certaines techniques ne sont pas effectuées totalement de la même façon mais je pense que c’est propre au vécu de l’enseignant (tout comme ici d’ailleurs).

Ce qui change c’est qu’une fois la séance terminée, les pratiquants ne partent pas rapidement chez eux, il y a un temps d’échange; je trouve que parfois cela manque ici mais après il faut vivre avec les contraintes. Si on donne un cours entre midi et deux en semaine il est bien entendu que tout le monde va repartir rapidement au travail et c’est compréhensible.

A Kawazaki, j’ai eu l’opportunité de tester l’Aikikarate de Maitre Izumikawa qui enseigne aussi le Karate Goju-Ryu et le Kobudo.
Nous avons pratiqué puis après la séance, nous avons parler de son père qui avait connu un de mes professeurs avant d’échanger sur la spiritualité et l’histoire du Japon.
Ce fut passionnant, une vraie belle rencontre.

Visite au Dojo de Katsuya Izumikawa

La suite de l’entretien est disponible ici.

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